- C’est intéressant vos photos, dit-elle. Vous les regardez souvent?
- Non. Elles me foutent le cafard…
- Pourquoi?
- C’est triste de penser que tous ces beaux gosses ont viellit ou bien ont disparu… Et moi, je reste là, comme un vieux ponton pourri qui les a vu passer. Il ne me reste que leurs photos… je voulais faire un autre album avec les photos de tous les chiens que j’ai eus dans ma vie, mais je ne m’en suis pas senti le courage.
Sa voix s’enrouait, il s’était laissé tomber sur une chaise, et prenait la main d’Odile.
- Vous êtes encore trop jeune pour comprendre, mon petit… Mais quand je feuillette cet album et que je les regarde les uns après les autres, j’ai l’impression que ce sont des vagues qui sont venues se briser au fur et à mesure…
Taken from “Une Jeunesse” by Patrick Modiano